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Des compétitions sans électronique, une hérésie ?

Crédit photo Pascal Lehérissier
Il y a quelque temps, une discussion sur un réseau social largement utilisé a attiré mon attention. La discussion portait sur l’interdiction d’utilisation des appareils électroniques lors d’une compétition de pêche et partait du principe qu’en mettant tout le monde sur un pied d’égalité au départ, les cartes pourraient être redistribuées.

L’ennui avec les réseaux sociaux, c’est que soit on est pour, soit on est contre, mais trop souvent les interlocuteurs finissent dans une belle engueulade, sans se lire et sans chercher à comprendre les arguments proposés par autrui. Reste qu’aujourd’hui, la technologie et, disons-le, le numérique envahissent peu à peu notre domaine halieutique et deviennent pour certains des objets quasiment indispensables.

Les sondeurs modernes équipent désormais la plupart des embarcations
Crédit photo : Pascal Lehérissier

Un niveau de performance en progrès constant

Je ne suis pas un grand spécialiste de ce matériel électronique. Je connais néanmoins le fonctionnement des sondeurs et des moteurs électroniques, et je suis ébloui par les prouesses technologiques qui n’ont de cesse de nous surprendre depuis plusieurs années. Le classique sondeur 2D et le moteur électronique arrière, à vitesse, figurent désormais au rang d’antiquités et alimentent les brocantes halieutiques. Les outils électroniques sont désormais connectés et communicants, et ils permettent un niveau de précision et de perfection de plus en plus élevé. Si, jadis, le sondeur nous permettait de visualiser à peu près ce qui se passait sous notre embarcation, et si la principale qualité du moteur électronique était de nous rapprocher furtivement des meilleurs spots que nous connaissions intuitivement, le niveau de performance actuel des sondeurs permet de voir latéralement et devant la sonde avec un périmètre toujours augmenté et une précision incroyable. Les moteurs électroniques, connectés au sondeur et à sa cartographie, vous emmènent là où vous avez cliqué sur votre sondeur. C’est tout simplement incroyable, et cette technologie n’a de cesse de s’améliorer au fil des ans. La bagarre est sévère entre les différents fabricants, et on assiste depuis une bonne dizaine d’années à un ballet où, chacun son tour, un fabricant prend une légère avance technologique sur ses concurrents, remise bien souvent en cause dès l’année suivante par une mise à jour d’un modèle challenger. Il faut noter également que cette course à la technologie s’accompagne également hélas d’une excitation tarifaire qui ne met pas ces outils à la portée de toutes les bourses…

Une technologie réellement indispensable ?

La question est de savoir si ces outils font réellement la différence en compétition. Je pense objectivement que la réponse est oui. Ces sondeurs, sous réserve d’avoir la compétence technique nécessaire, permettent une détection des carnassiers de haut niveau et une approche sans égale. Bien sûr, un poisson détecté n’est pas un poisson pris, et la qualité technique du pêcheur reste indispensable. Pour faire simple, disposer d’un matériel électronique de top niveau ne fait pas forcément de vous un pêcheur accompli. Malgré tout, il convient aussi de signaler que certaines techniques, comme la recherche des carnassiers en mode pélagique, imposent l’utilisation d’outils modernes de détection, et donc un sondeur de dernière génération, car la pêche, au plein milieu d’une pièce d’eau, nécessite un niveau de précision insoupçonné. L’apprentissage de ces outils est d’ailleurs un enjeu fort bien compris par la plupart des distributeurs qui rivalisent d’imagination pour aider les pêcheurs dans leur formation. Les tutoriels disponibles sur YouTube sont bien entendu de formidables moyens de se documenter, mais certaines marques proposent également des sessions individuelles ou collectives pour aider à la nécessaire acquisition des compétences. Pour être complet sur le sujet, il faut aussi admettre que pour recevoir cet outillage électronique de haut niveau, il faut aussi avoir l’embarcation, son moteur et son accastillage qui correspondent. Cela gonfle bien entendu le budget qui fait alors basculer la pêche récréative dans un sport d’ultra-passionnés et, disons-le franchement, de riches. Car si vous ne bénéficiez pas de mise à disposition de ce type d’outils, en gros si vous n’êtes pas sponsorisé, l’addition franchement salée limite l’accessibilité à cette pratique. Je sais que le nautisme halieutique a été en plein essor depuis le développement de la pêche aux leurres, mais j’ai aujourd’hui l’intime conviction que les données économiques actuelles risquent de faire plafonner cette demande.

Mettre les compétiteurs sur un pied d’égalité, une expérience qui mérite d’être tentée.
Crédit photo : Pascal Lehérissier

Le pêcheur du dimanche a-t-il besoin de ce type d’outil ?

La question est volontairement un peu provocatrice, et j’avoue que le terme pêcheur du dimanche a sans doute de moins en moins de significations. Les effectifs des pêcheurs ont régressé ces vingt dernières années, mais les pêcheurs sont incontestablement devenus plus passionnés. Qu’on le veuille ou non, la pêche est de moins en moins un loisir populaire et de plus en plus une affaire de passionnés, prêts à mettre en jeu un budget significatif pour assouvir son loisir. Néanmoins comme évoqué en amont, les équipements de générations précédentes offrent déjà un niveau de technicité largement suffisant pour réussir des sorties de pêche maîtrisées avec un niveau de performance tout à fait décent. Les modèles de la dernière décennie sont bien loin d’être obsolescents.

Et les guides de pêche dans tout cela

La question de l’équipement des guides de pêche se pose également et est, je pense, étroitement liée au produit proposé en guidage. On peut concevoir qu’un guide qui propose un produit orienté sur la recherche et la prise de carnassiers trophées ait des besoins élevés en matière d’outillage électronique. La détection des gros spécimens étant un des enjeux de sa prestation, il est logique pour lui de mettre tous les moyens possibles à sa disposition. À titre personnel, je veille également à ce qu’une journée de pêche programmée en tant que client ne soit pas consacrée pour l’essentiel à de longues périodes de détection où le guide navigue des heures durant à la recherche de la bonne « target ». Ces longues périodes de détection passionnantes pour celui qui visualise cela sur son écran deviennent rapidement ennuyantes, c’est un euphémisme, pour celui qui attend sur son siège. Néanmoins, les guides les plus réputés étant également des prescripteurs, certains bénéficient de conditions de mise à disposition particulières pour contribuer à présenter ces produits à un grand nombre de pêcheurs. Un guide qui propose cependant une prestation de guidage plus classique, basée sur la découverte générale d’un biotope, d’une partie de rivière ou d’un lac de barrage n’a pas forcément besoin d’un équipement dernier cri. Celui dont la prestation consiste par exemple à faire découvrir la pêche à des groupes d’adolescents durant la période estivale pourra se contenter d’un matériel fiable et solide, de génération antérieure. L’aspect sécurité de la cartographie devient dans ce cas un des critères de choix les plus évidents.

Alors, pour ou contre les compétitions sans l’assistance électronique ?

Certains diront qu’il faut vivre avec son temps et que les équipements électroniques font désormais partie de l’univers du pêcheur aux leurres. D’autres diront qu’une compétition où tout le monde se situe au même niveau d’équipement permet une égalité des chances. Encore faudrait-il que tout le monde ait le même bateau, avec des performances similaires, sinon pourquoi ne pas limiter la vitesse de navigation ? Mais à systématiquement vouloir réglementer, on voit bien que les compétitions perdent de leur saveur. Après tout, quelques compétitions se déroulant avec des appareils débranchés seraient de bons tests. Je pense pour ma part que cela ne changera guère le résultat et que l’on retrouvera les mêmes pêcheurs en haut du classement. Encore faut-il, pour vérifier cela, en tenter l’expérience ?

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